J’ai possédé une voiture (parfois même deux) sans discontinuer, depuis l’obtention de mon permis de conduire… en juillet 1986. Cette semaine, je suis allé porter les clés et la bagnole chez le concessionnaire et je suis reparti à pied. J’ai marché jusqu’à une voiture partagée, pour revenir chez moi. Ça doit bien faire deux ans qu’on réfléchit à vivre sans voiture, qu’on en discute en famille et qu’on fait des simulations pour tester la faisabilité. C’est maintenant que cette nouvelle vie démarre. Le saut est fait ! J’ai eu envie de partager l’expérience, avec transparence, et ce texte est le premier d’une (probable) série.
Pourquoi ?
Ça coûte cher en torrieu d’avoir une voiture et je suis de ceux qui ont dépensé beaucoup d’argent dans cette catégorie au fil des années (j’ai remonté le temps et compté 19 véhicules immatriculés à mon nom). Oui, on vit en Amérique du Nord, un coin du monde qui favorise beaucoup l’utilisation et la possession d’une voiture personnelle. J’ai habité la banlieue et la campagne où l’idée d’une vie sans voiture est tout simplement impossible. Le fait de posséder une voiture engendre de la pollution, implique de la consommation… de faire «partie du système» qui fait tourner la grande roue qui conduit l’humanité à la catastrophe. Quand je sillonne la ville en vélo, je suis toujours sidéré par l’espace qu’occupent les voitures et spécialement les voitures immobiles.
Sur ma liste, une raison qui pourrait sembler banale : «la charge mentale» qui vient avec la possession d’une voiture. Bien sûr, il faut la payer, mais aussi l’assurer, l’immatriculer, l’entretenir, la stationner à un endroit autorisé, la déneiger, la protéger contre le vol et contre les dommages. On est habitués à tout ça, mais quand on habite en ville, ça peut devenir franchement compliqué. Et si comme nous, on ne s’en sert pas suffisamment, on en vient de se demander si ça vaut vraiment tout le trouble.
Je n’ai pas envie de m’étendre sur le sujet, mais il y a aussi le «standing social» qui vient avec le choix d’une voiture. Comme «homme d’affaires» propriétaire d’une entreprise, il y a un petit jeu en lien avec le niveau de réussite affiché par telle ou telle rutilante machine. J’ai le souvenir d’un interminable «mesurage de bisounes» autour d’un apéro dans un congrès quelconque alors que chacun trouvait le moyen de nommer le modèle de sa voiture de prestige. J’avais alors (faussement) prétendu n’avoir pas de voiture pour, je suppose, mettre un peu de sable dans le cours de cette inintéressante conversation.
Le contexte
Vivre sans voiture demande un certain contexte, peut-être même un rare alignement de planètes. Avant la pandémie, alors que je sillonnais les routes 2 ou 3 jours chaque semaine pour visiter mes clients, ça aurait été impossible. Si nous avions habité ailleurs ou si notre fille avait encore l’âge de fréquenter une garderie. Si Sophie ou moi devions nous rendre au travail tous les jours, et que ce travail se trouve à l’extérieur de la zone accessible en transport en commun. Il y a un tas de raisons qui font que la vie sans voiture n’est possible qu’à une partie d’entre nous.
Notre contexte actuel est favorable : Sophie et moi travaillons de la maison, notre grande fille commence le Cégep et nous habitons un quartier fort bien desservi en transport divers. On peut accéder aux 3 lignes de métro en quelques minutes, il y a une station de vélos partagés au coin de rue, plusieurs voitures partagées facilement accessibles, des taxis à profusion et une bonne centaine de commerces accessibles à pied. Nous avons également des vélos électriques dans le garage.
Parlant de contexte, je m’en voudrais de ne pas glisser sur la valeur ahurissante des voitures usagées. Sans ça, il aurait été difficile de se départir de notre voiture sans perdre de l’argent. Ce fut le contraire : non seulement le concessionnaire était heureux de reprendre la voiture, mais j’ai quitté les lieux avec un très beau chèque en poche. Une somme qui payera les premiers mois de notre nouvelle vie sans voiture.
Combien ça coûte une voiture ?
La croyance populaire veut que posséder une voiture coûte environ 8 000$/année. J’ai fait le calcul des coûts de notre ex-Jetta 2019 et j’arrive à 8 700$, soit 725$/mois. Une somme quand même considérable pour une voiture relativement économique. À mon avis, nombreux sont les Québécois qui payent plus que ça ! Il suffit de voir la proportion de gros véhicules sur nos routes.
Mon intention est de tenir le compte des coûts de notre nouveau cocktail de transport. Il m’apparait difficile qu’on arrive à dépenser tout ça !
La suite
Il nous faudra rester conscients de ces 725$ épargnés tous les mois. C’est un aspect dont nous avons souvent discuté. Une de mes craintes étant qu’on s’empêche de se déplacer, de sauter dans un taxi ou de louer une voiture parce que «ça coûte cher». Avec toutes les dépenses auxquelles nous sommes habitués depuis 35 ans, ajouter 40$ de taxi ou 250$ de location peut sembler de grosses dépenses. On aura besoin de temps pour intégrer notre nouveau budget. Mais, une fois la soustraction faite, il faut continuer à se déplacer selon notre mode de vie habituel. C’est pour ça que je veux garder le compte.
Alors, notre inscription à Communauto est faite. Mon compte Bixi est réactivé. Nos cartes Opus sont chargées. Les applications de taxis et d’Uber sont dans nos téléphones. Les pneus de nos vélos sont gonflés. Et puis, on a de bons souliers !
Nous sommes conscients que tout ça demandera un peu plus d’organisation. Il nous faudra planifier nos sorties et nos déplacements. Est-ce qu’on aura des regrets ? Est-ce qu’on retournera magasiner les voitures un jour ? Peut-être ! Aucune porte n’est fermée. On tente le coup… on verra où ça nous mène.
Alors… à suivre.
Très intéressant de suivre l’expérience au fil du temps.
Bravo les voisins et j’en sais quelque chose depuis mon arrivée à MTL. La remise de l’auto et j’utilise le transport en commun, la marche et le taxi.
Excellent billet! Très intéressant à lire! Bonne chance dans vos nouvelles aventures! 😀
Génial ton expérience! On va suivre ça!
Salut MAX! Je suis super intéressé par ton expérience. J’y pense moi aussi depuis quelques temps. Mon auto à de l’âge et je me questionnais: « Je la remplace ou si je change pour l’autobus et Communauto… »
Il faut savoir que Communauto manque de voitures présentement. Pour la même raison que votre voiture était presque attendue par votre concessionnaire, il manque de voitures partout. Ce n’est pas leur faute.
J’ai fait le changement à l’automne. J’ai vendu ma voiture la veille du changement de pneus (après l’avoir remisée l’hiver précédent pour essayer comment ce serait sans voiture). Il faut savoir que je l’ai vendue 2300 $ de plus que je l’aurais vendue le printemps précédent. ( Je sais, j’avais essayé mais sans vraiment m’en occuper.) 2300 $ à dépenser en taxis et location de voitures, c’est beaucoup.
Et je me trouve plus libre qu’avant. Cette semaine, par exemple, nous avons reçu un mot de la Ville pour nous dire que désormais la ruelle ne serait plus déneigée. On y stationnait nos voitures. Qu’est-ce que ça m’a fait ? Oh! Liberté !!!
Et quand je sors, je n’ai pas à me préoccuper de conduire après. Si j’en ai envie, je peux encore boire un verre, je suis en taxi.