Je conserve un excellent souvenir de ma rencontre avec cet auteur. La vérité sur l’affaire Harry Queber avait attiré mon attention sur un présentoir à l’aéroport de Paris. J’avais tourné les premières pages en attendant l’embarquement et la lecture s’était poursuivie durant tout le vol et dans le taxi pour se terminer 48h plus tard, à la maison. Comme plusieurs j’ai été étonné que cette histoire qui se déroule en Nouvelle-Angleterre, écrite par un auteur avec un nom anglophone et dans le plus pur style du «page turner» américain, ne fût pas une traduction, mais bien l’œuvre d’un auteur suisse, qui écrit bel et bien en français.

Habitué à lire des traductions, je suis passé facilement par-dessus cet étrange style et j’ai continué à acheter les bouquins de Dicker. Je me faisais une fête à chaque lancement et je serais malhonnête d’écrire que je n’ai pas eu de plaisir. L’auteur multiplie les rebondissements et les retournements d’intrigue. On se retrouve avec de véritable tourne-pages et ses histoires ne contiennent pas de temps morts… ça déménage !

Sauf qu’à la longue… on intègre la recette et on regrette de le voir revisiter sans arrêt la même formule. Sentiment encore plus fort dans son tout dernier opus, que j’ai terminé ce midi : L’affaire Alaska Sanders qui est la suite de Harry Queber. Ce n’est pas un mauvais livre et je me suis rendu jusqu’à la fin par curiosité, mais le cœur n’y était pas. Trop de ficelles mal attachées, trop de similitudes avec les autres histoires de Dicker, trop de fausses pistes qui sentent la fausse piste, trop de personnages qui ont caché des éléments de preuve… bref, trop de tout !

Cette utilisation abusive du coffre à outils de l’auteur de roman policier, ajouté à la mauvaise habitude d’écrire systématiquement la même chose, encore et encore, est bien agaçante. Pour moi qui ai eu autant de plaisir à découvrir Dicker et qui ai récemment passé à travers l’œuvre de Trevanian (qui lui n’a jamais réécrit deux fois la même chose) je me retrouve à la fin de l’histoire d’Alaska Sanders avec la drôle d’impression d’avoir relu un livre que je connaissais déjà.

Bref, je crois que c’était mes dernières pages écrites par Joël Dicker.