Entrepreneur, ce «métier» pas comme les autres, cette vie à laquelle on se donne complètement… et qui est à mes yeux la plus belle. D’ailleurs, est-ce que ça entre dans la même catégorie que les vocations ? En tout cas, rares sont les jours où j’ai eu envie de faire autre chose. Il y a comme un perpétuel émerveillement à écrire son histoire, à décider de sa route, à créer des gangs, des projets, des résultats et toutes sortes de belles histoires. On s’entend que la route n’est pas toujours ensoleillée avec un vent de dos: il y a des bouts moins drôles, il y a des moments tristes et même parfois carrément cruels. Mais cette vie, je l’aime depuis 30 ans et il n’y a rien que je peux imaginer qui réussirait à m’y faire renoncer.

Je ne connais pas un seul entrepreneur qui arrête de penser à ses projets quand le soleil se couche où quand le weekend arrive. C’est une passion qui nous happe et qui occupe beaucoup d’espace. Parfois ça gruge, ça brule et ça détruit. J’ai vu des entrepreneurs solides vivre des moments très difficiles. J’ai vu des chefs d’entreprise qui affichent une belle façade de réussite financière fondre en larmes parce qu’un autre pan de leur vie s’était écoulé. On peut lire de sacrées belles histoires sur LinkedIn… mais, il y a plein d’autres histoires aussi, qui se vivent en silence.

Je ne m’exclus pas. J’ai eu mon lot de difficultés et j’ai une belle collection de cicatrices d’entrepreneur. Aujourd’hui, j’ai envie de partager une recette toute simple qui m’a permis de «garder l’équilibre» au long de ces années. Ne vous attendez pas à la recette du pâté de canard en croute, ce n’est rien d’exceptionnel… plutôt comme une recette de Mac’n cheese avec 3 ingrédients. Un plat simplissime qui me fait du bien chaque fois que j’en mange. Une formule qui fonctionne pour moi, ça ne veut pas dire que c’est universel. Vous comprenez le principe.

Ça se résume en deux mots : protège l’entrepreneur. Change d’air. Fais autre chose. Donne une pause au hamster qui tourne dans ta tête. Pis autant que possible, fais ça d’une manière saine… pas avec une bouteille, de la fumée ou pire encore.

Pourquoi est-ce important de garder l’équilibre ? Pourquoi avoir besoin d’une soupape ? Une vie d’entrepreneur est solitaire. On est physiquement entouré, on a une équipe, des amis et de la famille, mais, quand on est face à une décision ou a une difficulté, dans presque tous les cas, on est seul. Seul à assumer ses choix. Seul à payer les erreurs. Pis des erreurs… il y en a toujours. C’est souvent ça qui fait tourner le hamster. Dans beaucoup d’entreprises de taille modeste, quand l’entrepreneur n’est pas disponible, ça peut vite devenir catastrophique.

J’ai besoin de prendre du recul. Même pas besoin d’un prétexte, simplement d’être seul avec moi-même une petite semaine tous les 2 ou 3 mois. Un besoin bien simple de «me changer les idées». Changer d’air, ça me suffit. Ça peut se résumer à une balade en forêt, une longue randonnée en vélo, quelques heures avec ma guitare ou dans mon garage avec une scie et du papier sablé. Dans les meilleurs des cas, c’est le tour du lac St-Jean en vélo, un roadtrip avec ma fille, un weekend avec mon amoureuse ou une semaine complète en forêt… et ne me dites pas «je n’ai pas le temps» ! C’est bien le privilège de l’entrepreneur de posséder le «super pouvoir» qui permet d’aménager l’agenda pour rendre ça possible.

Ha oui, il faut que je l’avoue : j’apporte mon ordi. Je ne suis pas capable de programmer une réponse automatique à ma boite de courriel qui dit «désolé, je ne suis pas disponible». Ça me stresse trop de ne pas savoir. J’ai peur de manquer quelque chose d’important. Peur de regretter mon escapade. Peur d’être infidèle avec mon entreprise. Alors, j’apporte mon ordi et je prends mes messages, je surveille mon entreprise, je redirige le trafic vers mes collègues, une petite heure tôt le matin. J’arrive à décrocher facilement ensuite. C’est ma méthode à moi, hein ! Pas obligé d’être la vôtre.

Au fil des années, j’ai toujours mis à l’avant-plan ce besoin de sortir de ma routine et c’est bien souvent dans ces moments que j’ai eu les meilleures idées, que j’ai pris de bonnes décisions ou que j’ai simplement fait du ménage dans ma tête pour laisser de la place à du nouveau stock. Vous l’avez déjà vécu : un coup de balai, déplacer quelques meubles et des cadres dans la maison… ça donne l’impression d’avoir déménagé. Ça change la perspective et ça ouvre la porte à de nouvelles aventures, sans changer de maison.

Et c’est quand j’ai eu les périodes les plus tendues que j’ai déployé le plus d’efforts pour protéger l’entrepreneur, parce que sans lui, la situation ne s’améliore jamais toute seule.

Alors, je vous souhaite une semaine hors de vos habitudes, hors de la routine. Un voyage en solo, une escapade avec un de vos enfants, aller travailler une semaine dans une ville que vous ne connaissez pas. Et en passant, il n’est pas nécessaire d’être entrepreneur pour tenter l’expérience. Je termine avec cette phrase que j’aime dire à mes amis : «prends soin de toi».