Monsieur le Maire, il faut que je vous parle. J’ai entendu dire cette semaine que vous avez réalisé des études et que vous aimeriez ceinturer la ville d’une série de postes de péage ? Vous ferez bien ce que vous voulez… mais moi, je trouve que c’est une belle connerie. Je sais que la ville est sale, qu’elle tombe en ruine, que tout s’effondre et qu’il faudrait mettre des millions à chaque coin de rue. Pour tout ça il faut de l’argent et malheureusement, il ne pousse pas dans les nids de poule.

Créer une ceinture autour de Montréal peut donner l’impression d’être une belle solution… «On va faire payer les banlieusards, les gens qui profitent de Montréal sans y payer de taxes». Mais, ça risque aussi de créer un mur virtuel autour de votre ville. Les banlieusards resteront dans leur banlieue, iront voir des spectacles au Dix/30, magasineront à la Place Rosemère et mangeront dans leurs Boston Pizza de quartier. Il suffit de regarder le pont de la 25 qui est désert pour comprendre que la logique des péages n’est pas facile à inculquer. Déjà qu’il est difficile de se rendre en ville à l’heure de pointe, difficile de se stationner, si en plus il faut payer pour rouler à 20 km/h sur l’autoroute !

Quand les entreprises et les commerces commenceront à choisir de s’installer en dehors de la ceinture pour attirer la clientèle et les employés, que ferez-vous… déplacer les péages ?

C’est bien beau de prendre exemple sur une ville européenne comme Stockholm ou Londres… mais, Montréal n’a rien à voir avec Londres. Notre ville est sympathique, mais elle n’a certainement pas le charme et le pouvoir d’attraction de la métropole anglaise.

Puisque le principal problème des routes est d’être trop occupées, que des milliers d’heures de productivité (ou de vie familiale) sont perdus dans les bouchons, que la pollution devient un enjeu mondial et que la taille moyenne des voitures revient tranquillement à ce qu’elle était dans les années 60… je rapplique avec mon idée habituelle : taxer davantage l’essence.

Les postes à péages, ça implique des frais : il faudra installer et entretenir le bidule, embaucher des employés qui vont envoyer les factures et d’autres qui vont s’occuper des mauvais payeurs. Il faudra des avocats pour poursuivre en justice ceux qui passeront sans payer, et bla-bla, et bla-bla. Bref, une part de l’argent collecté ira à «faire marcher la machine» plutôt qu’à améliorer les transports. Augmenter la taxe sur l’essence, c’est facile, c’est déjà une machine qui roule… et personne n’y échappe.

Avec un prix à la pompe plus élevé, on inciterait tout le monde à rouler moins, à acheter des véhicules plus petits, à covoiturer, à utiliser les transports en commun et à habiter moins loin du boulot. On réduirait l’utilisation du réseau routier, on améliorerait la qualité de l’air, la santé de la planète et… les coffres de nos gouvernements. En plus, une taxe sur l’essence s’appliquerait à tous les citoyens et à toutes les entreprises, pas seulement ceux qui traversent la «ceinture».

Bien sûr, je préfèrerai un gouvernement qui puisse régler les problèmes de pollution, de circulation et d’infrastructures sans puiser dans nos poches… mais si c’est impossible et qu’il faut absolument taxer, de grâce ne tombez pas dans la connerie des péages.