À l’origine, c’était mon idée. Comme j’avais en rendez-vous à Granby jeudi, j’ai pensé que l’occasion était belle de dormir sur place et d’aller visiter le zoo, en famille, vendredi. On a donc réservé une chambre, installé les vélos sur le toit de la bagnole et hop… en route pour Granby.

Je n’ai rien de mal à dire concernant le zoo comme tel. C’est bien organisé, c’est grand, c’est propre, c’est très beau. Personnellement, je pense que c’était la première fois que je voyais un rhinocéros… et que dire de cet éléphant qui a pissé une rivière et demie devant moi ! J’ai compris pourquoi les éléphants sont si gros, ils ont la vessie grande comme une piscine hors terre.

Ce qui m’a troublé durant cette journée, c’est le gigantesque troupeau de visiteurs qui circule autour des enclos. Des milliers de personnes, des milliers de poussettes, des enfants qui pleurent, des adultes qui s’impatientent, des parents qui crient… et tout ce beau monde qui essaie d’avoir une petite place près de la clôture pour observer la petite girafe «tellement cute».

Je me rendais compte qu’Agathe se balançait pas mal des lions qui dorment dans leur cage et des tortues qui avancent lentement. Des animaux, elle en voit à la télé, elle en a vu dans les autres zoos qu’on a visités… ce n’est pas si «merveilleux» pour un enfant de voir des animaux en cage. Un éléphant «bof», un hippopotame «bof», une chèvre «bof». Moi qui pensais faire plaisir à ma fille !

On lui a acheté le toutou qu’elle demandait et elle était super contente !

Je voyais partout des parents essayer de soutirer un peu d’émerveillement à leurs enfants. Comme ces mêmes parents ont dû faire la file, ont dû payer une petite fortune pour l’entrée et ont préparé des sandwichs, il y a de la pression pour que tout le monde s’amuse.

Et puis, y a tout ce stress : avance plus vite, vient par ici, donne la main à papa, ne touche pas à ça, attention de ne pas passer devant la file d’attente, on ne peut pas tout acheter, un toutou c’est assez, tu as déjà mangé un popsicle, tu ne trouves pas que tu es déjà assez chanceux d’être ici ?

Si «ti-gars» préfère courir à gauche à droite, papa s’impatiente. Si «tite-fille» veut une crème glacée au lieu de la barre granola que maman a apportée, c’est la crise. Vendredi, j’écoutais le nombre d’enfants qui pleuraient et je trouvais incroyable que toutes ces familles aient dépensé au moins 200$ pour passer une «magnifique journée en famille».

Si ça ne fait plaisir, ni à Agathe, ni à Sophie, ni à moi d’aller là… pourquoi y allons-nous ? Ce n’est pas Agathe qui a demandé à visiter le zoo, pourquoi faut-il absolument qu’elle apprécie ?

Est-ce que ce genre d’activité familiale n’est pas un peu l’équivalent d’un «crédit carbone» ? On passe nos vies à travailler, on a l’impression de ne pas suffisamment s’occuper de nos enfants, alors on s’achète une journée «de famille» en allant au zoo ? N’est-ce pas une façon de déculpabiliser les parents ?

Je ne veux pas exagérer, la journée n’a pas été un désastre total. On a eu du fun quand même ! Je respecte ceux qui aiment ce genre d’endroit… mais, je vais laisser passer quelques années avant d’y remettre les pieds. C’est juste que je suis revenu de là avec l’impression que j’aurais pu faire 100 fois plus plaisir à ma fille en lui proposant autre chose. Quelque chose de mieux adapté à ses goûts, quelque chose de simple, qui ne coûte pas nécessairement la moitié de ma paie.