Ma belle Agathe. Je suis à l’aéroport, installé à une table avec un petit verre de vin… et j’attends que mon avion soit prêt et qu’on puisse embarquer. Quand tu seras un peu plus grande, tu comprendras que l’avion est un moyen de transport pour les gens pas trop pressés. On attend sans arrêt à toutes les étapes et c’est un véritable exercice de patience.

Toi, tu es certainement endormie, dans le grand lit, bien collée sur ta maman adorée. Je voulais t’écrire parce que je sais que mon départ te fait de la peine, que tu réalises pour la première fois que ton papa sera loin et que tu vis ce moment avec un sens tragique propre à ton âge. Je suis certain que ces dix jours passeront vraiment bien, on va se parler à travers les ordinateurs, tu pourras me montrer tes dessins et me raconter tes journées. Je ferai la même chose moi aussi.

Je suis ici à regarder un Airbus de l’autre côté de la fenêtre et je te souhaite de tout mon coeur d’être dans ce même aéroport, toute seule, dans une quinzaine d’années avec ton sac à dos et ta belle tête pleine de rêves. Ton vieux papa sera certainement triste et inquiet de te voir partir, comme toi tu l’as été ce soir, mais je saurai à quel point voyager est enrichissant et je serai en même temps très heureux de te voir partir à l’aventure.

Peut-être que dans ton sac, tu apporteras le fameux «lapin explosif» aux bons soins de qui j’ai confié tes peines durant ce voyage ? Ce petit toutou lapin que je t’ai justement acheté à Paris l’automne dernier et qui est sans doute bien serré contre toi présentement. Remarque que nous devrons changer son nom… parce qu’un «lapin explosif» n’est sans doute pas le bienvenu dans un aéroport !

J’aurais aimé voyager plus jeune, vivre mes aventures et découvrir l’Europe bien avant les 37 ans que j’avais quand j’y ai posé le pied la première fois. Il faut dire que je me suis bien repris depuis…

Une prochaine fois, il faut que Sophie et toi veniez avec moi ! Je suis déjà étonné de constater combien tu te souviens de la Tour Eiffel et des croissants de Paris alors que tu étais si petite quand nous y sommes allés ensemble. J’espère être en mesure de t’offrir encore ce genre de souvenirs qui valent (à mes yeux) cent fois mieux que toutes les bébelles qu’on peut acheter dans les magasins.

(Bon, je relis ma dernière phrase et j’aimerais exclure les bébelles achetées dans un Apple Store… quand même)

Dort bien mon amour. Quand tu t’éveilleras, je serai loin physiquement, mais toujours aussi près de toi.

Ton papa qui t’aime.