Je suis entrepreneur depuis bientôt 20 ans et j’ai démarré trois projets distincts. Au fil des années, j’ai eu toute sorte d’histoires avec les prêts, les subventions, les programmes d’aide et autres «gogosses» supposément là pour aider les entreprises en démarrage. J’en ai gardé assez peu de bons souvenirs et l’étrange impression que l’aide gouvernementale arrive généralement au moment où on n’en a plus besoin. Tellement que dans mon projet actuel, j’avais établi une ligne de conduite simple : pas d’aide. On démarre ça avec l’argent en poche, on grandit tranquillement au rythme des succès et des ventes, sans aide financière, sans marge de crédit, sans remplir un seul de leurs foutus formulaires.

Sauf que, récemment, on m’a proposé un programme qui est là pour aider les entreprises à faire des contacts en France pour favoriser l’exportation. J’ai pris la peine de lire les conditions du programme de long en large, j’ai téléphoné à la dame du ministère qui gère le dossier et me suis assuré que mon projet était admissible. Je me suis dis qu’après tout, je paye des impôts, que j’ai un vrai projet d’exportation et que cette mini-subvention serait vraiment bienvenue. «Pourquoi pas» ?

Alors, me voilà en train de remplir le long formulaire avec des questions faciles à répondre, du genre : Préciser les caractéristiques du produit, du procédé ou du système et ses avantages technologiques par rapport à la concurrence (joindre une annexe si nécessaire). Six belles pages de «bla-bla» en plus de copies de mes trois dernières années d’états financiers et d’une lettre qui explique le comment du pourquoi. Tout ça pour une subvention qui aurait payé une partie de mes frais de déplacement et d’hébergement, on parle d’environ 1 500 $… rien pour écrire à sa mère.

Début février : première réponse négative. Nouvelle lettre pour expliquer davantage. Précisions, éclaircissements… suivis d’une deuxième réponse négative. Pour une raison qui n’avait pas été énoncée dans la description initiale du programme. Grrrrrrr. En fin de compte, j’ai perdu au moins deux jours avec tout ça. Pourtant, j’ai un vrai projet qui a un vrai potentiel. J’ai payé 7 voyages moi-même, j’ai fait des dizaines de rencontres là-bas et le projet avance vraiment. C’est maintenant qu’un peu d’aide permettrait d’aller plus vite et de faire en sorte qu’un «probablement» devienne un «certainement».

Ça m’apprendra. Grand naïf. À partir de maintenant, je reviens à ma ligne de conduite initiale : je fais les choses par moi-même et je ne compte sur personne.

Niaisage.