Bougon

Quand on a acheté la maison, le facteur qui nous faisait le plus hésiter n’était pas le prix, ni le quartier, mais… les voisins. Une famille de voisins en particulier qui occupe la ruelle comme si c’était à eux seuls. On les surnomme les Bougon. Ils font du bruit, circulent avec de vieux bazous qui boucanent et surtout, ils hurlent tout le temps. Leurs enfants sont dehors jusqu’à pas d’heure, souvent en pyjama et à tout bout de champ, madame Bougon les interpelle à tue-tête. La madame a une voix qui porte et semble penser que les enfants s’éduquent d’une seule façon… en émettant le plus de décibels possible.

J’en ris… mais il faut avouer que c’est plutôt triste à entendre.

Il va sans dire que tout le voisinage les regarde de travers et dès qu’on ose parler, on se fait vertement enguirlander par la même voix tonitruante… ou encore pire, ce sont leurs enfants qui écopent. Bref, une famille d’indésirables à qui le savoir-vivre ne fut pas installé en équipement de série.

Hier, une de leurs filles qui jasait avec Sophie (en se cachant, parce que sa mère ne veut pas qu’elle nous parle) a dit tout bonnement comme ça dans la conversation… qu’ils déménagent en juillet ! Le regard que Sophie m’a jeté valait n’importe quel spectacle d’humoriste ! Y a un gros X sur le calendrier et on compte les jours, croyez-moi.