Puisque le sujet occupe passablement mon esprit et que je suis très excité à l’idée d’acheter l’objectif dont je rêve depuis de nombreuses années, je profite de l’occasion pour faire un petit texte sur cette (très importante) pièce d’équipement pour l’amateur de photo.

Les chiffres. On parle toujours des objectifs en nommant une série de chiffres et de codes… par exemple, celui que je veux acheter cette semaine est un 24-70mm F2.8 L. Que veulent dire tous ces codes ?

24-70mm c’est l’amplitude du zoom. Puisqu’il y a deux nombres différents, c’est un zoom. Un zoom qui va de 24mm à 70mm. Avec un seul nombre, on parlerait d’une focale fixe. Par exemple, une 50mm est une focale fixe… avec laquelle il est impossible de zoomer. Ce qu’il faut retenir avec ces mesures, c’est que la focale normale, qui reproduit la vision de l’homme est normalement de 43mm, quand le nombre est plus petit, c’est que l’objectif éloigne le sujet (grand-angle) et quand il est plus grand, il approche un sujet (télé objective). C’est inversé, les petits nombres pour les grands-angles. Par exemple, pour photographier l’intérieur de Notre Dame de Paris, j’ai utilisé un grand angle à 17mm tandis que pour photographier du sport je vais plus souvent utiliser mon télé-objectif à 280mm.

Les photos prises avec un grand-angle vont avoir un aspect différent d’une photo prise avec un télé-objectif, même si le cadrage est le même. C’est comme ça parce que le point de vu n’est pas le même. Pensez à la différence que vous avez en regardant un grand bateau de très près par rapport à le regarder de très loin avec des jumelles, par exemple. Quand vous êtes très près, le bateau sera un peu déformé. La partie la plus près de vous paraitra plus grande que celle qui est loin. Avec les jumelles, cette déformation s’estompe.

Le F2.8, c’est l’ouverture maximale. Pour faire une histoire simple, l’ouverture est la grandeur de l’ouverture qui permet à l’objectif de «prendre» la lumière durant la fraction de seconde où la photo est prise. Ce qui est étrange, c’est que, plus le chiffre est petit, plus l’ouverture est grande. Un objectif qui «ouvre» à F1.4 va permettre à l’appareil de capter plus de lumière dans un temps donné qu’un autre à F5.6, par exemple. Le chiffre affiché dans le nom d’un objectif est l’ouverture maximale, parce que le diaphragme des objectifs peut se refermer pour produire des ouvertures plus petites quand la lumière disponible le permet. Mon objectif F2.8 peut très bien prendre des photos à F8.0, si c’est ce que je désire (et si la lumière est suffisante). Les photographes cherchent donc généralement des objectifs lumineux qui ont la possibilité d’ouvrir très grand et d’être efficace dans les conditions difficiles.

L’ouverture va aussi influencer la profondeur de champs, ce qui permet de produire des arrières plans flous. Plus l’ouverture est grande, plus la zone de netteté est courte. C’est pourquoi les portraits sont bien souvent produits à l’aide d’un objectif qui a une grande ouverture.

Il faut dire aussi qu’il est plus difficile de fabriquer un objectif avec une grande ouverture et que cette qualité est souvent réservée aux objectifs plus coûteux ou de série professionnelle.

Le petit «L» pour terminer est justement l’indication (chez Canon) de la série «pro» qui propose des objectifs plus solides qui sont conçus pour une utilisation intensive et une meilleure qualité d’image.

En fait, quand on parle d’objectifs, il est toujours question de compromis. Si quelqu’un inventait un 14-600mm F1.0 qui produirait de bonnes images et qui pèserait moins d’une livre, pour 300$… toutes les compagnies d’optique fermeraient leurs portes et cet inventeur deviendrait plus riche que Bill Gates du jour au lendemain. Ma (future) 24-70mm F2.8 présente une ouverture intéressante et une qualité d’image impressionnante, mais elle est grosse, lourde et chère. Les objectifs à bon prix vont souvent proposer des ouvertures moches et des éléments en plastique qui vont produire des images moyennes, sinon mauvaises.

Il faut dire qu’on fait la différence entre un bon et un mauvais objectif quand les conditions sont difficiles. En plein soleil, quand la lumière est abondante et les couleurs vives, même un objectif en plastique à 40$ pourra produire de bonnes images. Mais, dans un petit bar de jazz, tout noir et enfumé, c’est là qu’un objectif de qualité va mettre ses atouts en valeur.

En vrac :

– Certains objectifs proposent des systèmes de stabilisation qui réduise le flou causé par le mouvement (ou les vibrations) de l’appareil. C’est encore un compromis, mais il peut s’avérer très utile pour réduire le prix et le poids des objectifs en permettant de compenser le manque de lumière par une durée d’exposition plus longue.

– La 50mm F1.8 est un must. Peu importe la marque, c’est toujours le meilleur rapport qualité/prix et ça permet d’expérimenter les grandes ouvertures sans se ruiner.

– Le concept même du zoom est un compromis. Les objectifs à focale fixe sont bien souvent de meilleure qualité pour un prix équivalent.

– Les objectifs sont de meilleurs investissements que les appareils, ils gardent leur valeur bien plus longtemps et souffrent peu de l’usure. Je viens tout juste de vendre un objectif de 4 ans pour 500$ alors que le neuf est à 769$. Essayez de faire ça avec un appareil photo (ou pire, un ordinateur).

– C’est l’objectif qui produit l’image qui sera fixée par votre appareil photo. Ca vaut la peine de s’offrir du bon verre… surtout en considérant le point précédent.

Voilà, c’est assez pour aujourd’hui… Si j’ai dit des conneries, corrigez-moi. Si vous avez des questions, n’hésitez pas.