Tout le monde parle d’identité québécoise et d’accommodements… bien sûr, on entend des conneries grosses comme des 747 à la commission Bouchard-Taylor et ça me fâche. Je ne suis pas un spécialiste, mais si je me donnais la peine d’y aller, voici ce que je dirais :
- Est québécois quiconque vit légalement au Québec. Je suis québécois, mon voisin d’origine arabe est québécois, les Amérindiens sont québécois, mes amis français immigrés depuis deux mois sont aussi des Québécois. Tous les Québécois ont les mêmes droits et obligations, peu importe qu’ils vivent ici depuis 1 semaine ou 50 générations. C’est ça vivre en société, on ne choisit pas nos concitoyens, mais on doit faire avec.
- Puisque le Québec est une province francophone, les services offerts par le gouvernement (et les différents organismes publics) devraient toujours être en français. Les grandes entreprises devraient aussi opérer en français. La loi 101 et l’obligation d’aller à l’école française ont leurs places pour préserver une langue commune et à cause de la situation géographique particulière du Québec. Le ministère de l’Immigration offre des cours de français gratuits, voici une excellente façon de connaître suffisamment la langue d’usage. Dans la vie privée et dans la rue, toutes les langues sont bienvenues et contribuent à la richesse culturelle de la société.
- La religion se pratique, à la maison, en famille, avec les amis, les soirs et les weekends, on peut la pratiquer autant que l’on veut, mais sans nuire aux autres. Les obligations religieuses ne doivent pas nuire au fonctionnement d’une entreprise, du gouvernement ou de la société en général. Puisqu’aucune religion n’est universelle et qu’aucune ne détient la vérité, on doit respecter les autres, peu importe leur origine et leurs croyances. De toute façon, à ce que je sache, toutes les religions prônent le respect des autres. On doit aussi respecter ceux et celles qui ne pratiquent aucune religion.
- Les règlements et les usages de la société doivent être assez souples pour accommoder tout le monde dans la limite du raisonnable. Faire une petite entorse aux pratiques usuelles, pour accommoder une communauté, peut être raisonnable. Brimer les droits des uns pour en accommoder d’autres n’est pas raisonnable. La religion ne se pratique pas au travail et ne devrait pas nuire au bon fonctionnement de la vie en société, n’oublions pas qu’aucune religion ne détient la vérité. Personne ne devrait perturber les croyances des autres avec les siennes.
- Les fêtes traditionnelles québécoises, qu’elles soient dictées par la religion catholique ou non, font partie des traditions communes à tous les Québécois. La fête de Noël est un exemple de tradition qui a une connotation religieuse pour certains et qui est simplement une tradition pour les autres. Tous les Québécois sont invités à fêter, qu’ils y voient un aspect religieux ou non. Peut-être qu’un jour des fêtes provenant d’autres religions entreront, elles aussi, dans la tradition québécoise… tant mieux, ça fera plus d’occasions de fêter.
- L’Amérique au grand complet est formée d’immigrants de toutes provenances. Laissons le temps aux immigrants de prendre leur place, de colorer et de contribuer au Québec du futur. Ne prenons surtout pas les exceptions pour des cas communs et surtout… vraiment surtout… ne généralisons pas. Les généralisations sont à la base de bien des maux, incluant le racisme.
Maxime Tremblay, dit Photosmax
Québécois bleuet, un peu écossais, un peu acadien… avec une goutte de français.
Moi-même Québecoise à 33% Irlandaise, ayant des amis représentants bien les nations unis, je suis d'accord avec toi.
Le tout est finalement une notion de respect et d'ouverture.
L'amalgame de culture dans l'histoire est plus souvent associé à l'enrichissement d'une société qu'à sa perte!
Le seul accommodement raisonnable que je demande c'est qu'on arrête de me rappeler tous les jours que je ne suis pas un "vrai" québécois du fait que mon nom sort un peu de l'ordinaire malgré le fait que j'ai passé ici les 39 dernières années de mes 40 années d'existence… que j'ai toujours payé mes impôts ici, que je contribue au développement de ma région, que je m'implique socialement que je vote ici et que n'ai jamais rien fait pour mon pays d'origine… Ça devient lassant à la longue, à croire que les "de souches" n'ont jamais vu un "étrange" de leur vie…. J'ai vécu ici plus longtemps que n'importe quel Québécois âgé de moins de 39 ans dit "de souche" et pourtant… Cette curiosité naïve à connaître obligatoirement l'origine de mon nom et ensuite de m'associer inconditionnellement à mon pays d'origine avant même de me considérer comme un habitant du Québec fait sentir un sentiment d'exclusivité continuelle même si aucune mauvaise intention n'y est reliée. Si j'étais un Tremblay venant de France, on ne me m'associerai jamais à la France mais au Saguenay (original n'est-ce pas quand on y pense un peu) et j'y trouverai quand même le moyen de chialer dû à mes origines 😉
Excellents commentaires ! Ce sont les meilleurs que j'ai entendus depuis le début de cette commission. Cependant je changerais l'obligation d'aller à l'école en français par l'obligation d'aller à l'école dans les deux langues officielles. On obligent les autres à parler français tout en étant incapable de parler l'anglais. Il y a une phrase que j'ai lu dans un journal et qui représente bien notre société et c'est la suivante : "Il ne faut pas oublier que notre majorité est minoritaire…"
Jossbee, j'entendais à la radio l'autre jour quelqu'un suggérer de remplacer les réseaux d'écoles françaises et anglaises par un seul réseau bilingue qui enseignerait à 75% en français et à 25% en anglais. Les étudiants seraient tous bilingues. J'aime l'idée. Je pense que ça ne serait vraiment pas facile (sinon impossible) à implanter… mais, j'aime l'idée.
Avec la présence des syndicats dans les réseaux d'enseignements, impossible à réaliser d'après-moi. Mais n'est-ce pas là un super cadeau à offrir à nos enfants, le bilinguisme. J'ai la chance d'avoir une conjointe parfaitement bilingue, et à la maison, on parle pratiquement seulement en anglais (la garderie étant française). Et à trois ans, ma fille passe d'une langue à l'autre sans problème. Le bébé de 9 mois va suivre le même chemin.
Pour moi, l'anglais est seulement un outil de plus dans le coffre pour faire face à la vie. Si seulement le reste du québec pourrais voir ça du même oeil. Ce n'est pas en parlant l'anglais qu'on va perdre notre culture, bien au contraire. En Europe, ce n'est pas rare de voir des gens parler 4-5 langues tout en restant fidèle à leur culture. Pourquoi serait-on différent ?
L'éditeur de contenu que je suis aimerais tellement que tu aies du temps pour te faire vivre de ta plume …
Merci Max … merci de ton honnêteté et d'avoir pris le temps d'écrire un texte si puissant!
C'est magnifique!
Excellent texte mais ce n'est pas très vendeur, pas de place au scandale, juste de l'harmonie.
La grande majorité de la population doit voir les choses exactement de la même manière. Du moins, j'ose le croire.
Voilà qui est vraiment bien dit Max!
Une seule chose à rajouter sur les accommodements: Je ne crois pas aux "entorses minimes" pour accommoder AUCUNE religion avec par exemple le port du voile au soccer (comme l'histoire de la jeune fille). Si on prouve qu'il n'y a aucun danger pour elle ou pour les autres… d'accord! Mais on fait enlever les bijoux, les chaines et les boucles d'oreilles aux joueurs par mesure préventive.
Il y avait aussi l'histoire du Kirpan (genre de couteau Sikh) porté par un jeune ado à l'école… Est-ce qu'un cuisinier pourrait revenir du travail avec son long couteau de travail à la ceinture??? Ca n'a tout simplement aucun sens.
Les lois devrait dicter nos façons de faire collectivement (sans jamais considérer les religions), et comme tu l'as si bien dit Max: en privé, on fait ce qui nous plait! Si vous voulez vous bâtir un église catholique, une mosqué, un temple, peu importe… Achetez vous un terrain, payez vos taxes, assurez-vous de respecter les lois sur l'affichage, sur le bruit, sur tout ce qui existe (bref comme toutes entreprises)… et Bingo, jouissez de la vie avec vos proches!
Ababord, c'est effectivement un texte qui ne fera pas la manchette au bulletin de TVA. C'est cependant ce que je pense par rapport à cette question et j'avais envie de l'écrire. J'espère aussi que la majorité de la population est aussi modérée que moi par rapport à ces questions.
Very well said!
@JossBee
Être bilingue est par définition la maîtrise de 2 langues. Malheureusement avec le système d'enseignement des langues au Québec, et par lequel je suis passé, on nous enseigne à moitié le français et à moitié l'anglais…. Et pour moi, une moitié plus une moitié ça donne une unité 😉 Donc je considère que nous resterons pour la plupart unilingues si on ne fait pas d'efforts supplémentaires :-p….
La principale différence entre nous et les pays Européens est qu'ils enseignent relativement bien leur langue d'usage et leurs us et coutumes dès le primaire et ensuite une fois ces sujets maîtrisés, ils se consacrent à une ouverture sur le monde au niveau secondaire. J'y ai étudié une année au primaire (Belgique) et j'ai eu le regret à mon retour ici de constater qu'on ce que l'on m'enseignait au secondaire, je l'avais déjà vu en troisième année primaire là-bas (et je ne parle pas que du français ici)…
Aussi, nous ne sommes pas les seuls à nous plaindre de la détérioration de notre langue sur cette planète, les français, les américains, les anglais, les danois et autres le font…
Des études Américaines et Anglaises auprès de dizaines de milliers d'élèves (je peux retrouver les sources) montrent que les jeunes qui apprennent 2 langues simultanément maîtrisent moins bien ces 2 langues à long terme que ceux qui apprennent d'abord leur langue d'usage et ensuite une langue secondaire (avec un enseignement comparable bien sûr). Le fait d'être une éponge ne donne pas nécessairement la capacité de discerner adéquatement les structures de base et les subtilités de chacune des langues. Le qualitatif d'éponge démontre seulement la capacité à acquérir de l'information et non pas la capacité à la classer et ou l'analyser… On traite bien les alcooliques d'éponges et je ne pensent pas que ça soit un modèle à suivre 🙂
LeCoach
@LeCoach
C'était mon commentaire. Je sais que le problème est le système d'enseignement. C'est celui-ci qu'il faudrait changer mais je sais bien que c'est impossible avec notre mentalité syndicale.
Par contre, ma femme travail dans une école privé ou elle enseigne l'anglais à des enfants de 3 ans et ceux-ci assimilent très bien cette nouvelle langue, à partir du pré-scolaire jusqu'à la sixième année. Ces enfants sortent du primaire trilingue (Français, Anglais et espagnol) et ne sont pas pénalisé par rapport aux enfants provenant du public (la revue l'Actualité le prouve à chaque année).
Mes enfants ont encore la possibilité d'étudier dans le système anglais (public)et j'y songe sérieusement, non pas que je veux les angliciser mais bien pour leur fournir un meilleur système d'éducation…
@LeCoach
moi ce que j'avais entendu dire, c'est que les enfants qui apprennent les deux langues en mêmes temps allait parler plus tard que les autres enfants. Et c'est effectivement le cas. Ma fille à parler un peu plus tard que ses cousines mais par contre elle comprenait les deux langues parfaitement. Pour ce qui est du reste, je n'ai aucune études ou autres choses pour le prouver.
Une langue, pour la maîtriser, ça ne s'apprend pas, ça se pratique. Or,ici,la qualité du français parlé est médiocre (je demeure à Québec et j'écoute la radio…), le français lu et écrit sont presqu'inexistants dans nos chaumières. Ainsi, les gens ont une pauvre qualité du français.
Imaginez alors l'anglais! Laisser toute la responsabilité de l'apprentissage et la pratique des langues au milieu scolaire relève d'un utopisme parentale naïf. Et le syndicalisme n'a rien à voir là-dedans! Le bilinguisme ne tient pas dans une boîte-cadeau, Jossbee!
signé:un prof qui fait ce qu'il peut, avec les moyens qu'il a. Et père bilingue de trois enfants, malgré le système!
Excellent texte Photomax, bravo!
@JossBee
Je comprend très bien votre conclusion en fonction de l'exemple de votre famille… Mais ce ne sont pas tous les jeunes Québécois qui peuvent aller à l'école privée et avoir une mère qui enseigne l'anglais. Je pense que votre cas est un peu exceptionnel par rapport au reste de la population. Et Jean-Paul à raison, on a la langue qu'on mérite… Si on se targue à parler Québécois, nous aurons toujours un complexe d'infériorité face aux "Francophones" (ceux qui parlent un français international). Si notre langue ne nous donne pas confiance et bien on pensera toujours que celle du voisin est meilleure pour se débrouiller. C'est une solution de facilité, une pensée magique. Oui l'anglais est pour le moment une langue commune au point de vue international, mais objectivement jugez de la qualité de cette "langue commune"… c'est un anglais allégé, pauvre en vocabulaire et qui permet un minimum de communication, il suffit de voir un français et un japonais communiquer en anglais pour s'en rendre compte 😉 Je ne suis pas contre l'enseignement de l'anglais, je suis pour le bon enseignement et la promotion du français comme langue d'usage. Et l'un n'empêche pas l'autre.
@LeCoach et @Jean-Paul
Mes enfants n'iront pas à l'école privée, je n'ai pas les moyens. Ce que je voulais dire c'est que mes enfants pourront aller à l'école publique anglaise et que je vais peser le pour et le contre lorsque viendras le temps de l'inscription.
Mais, et pour répondre en partie à Jean-Paul, j'ai la chance d'avoir une personne proche qui est bilingue pour ainsi faire pratiquer, parler les membres de ma famille. Je suis totalement d'accord avec lui, la pratique est le seul moyen d'assimiler une langue. Je sais très bien que l'apprentissage de l'anglais ne se ferait pas seulement avec l'enseignement de l'anglais une heure par semaine. Et loin de moi l'idée de laissé le tout dans les mains des professeurs. Ce que je veux dire c'est faire la moitié de l'enseignement en français et la moitié en anglais et ce dans tous les cours. mais surtout faire parler, pratiquer, les jeunes. Dans les cours, à la cafétéria, dans la cour etc…
À l'école, où ma femme travaille, avec des enfants de 3 ans. Elle commence l'année en français et change en cours d'année pour finir à parler seuelement anglais à la fin de l'année. Le tout sans problème. C'est vraiment le fun de voir les jeunes évolués en cours d'année…
LeCoach : cela fait 39 ans que vous endurez ça, j'ai juste tenu… 4 ans! Je vous appuye donc à 100 % pour votre demande d'accomodoment raisonnable. 😉
@jossbee
Good for them! But I don't think you can serve the same meal to everybody! L'école québécoise doit répondre aux besoin de tous les enfants, avec leurs bagages familiaux, sociaux et économiques. Il serait utopique que l'on ait les moyens d'offrir l'école préscolaire, primaire ou secondaire à la carte, comme chez WalMart, où tous peuvent choisir le programmme convenant parfaitement aux besoins et aspirations des parents envers leurs enfants. Parents, prenez vos responsabilités et cessez de croire que l'école, publique ou privée, comblera tous les besoins d'éducation et de formation des enfants. Quant à la syndicalisation du milieu scolaire, il faut travailler dans ce milieu pour s'apercevoir que, quand il ya quelque chose qui cloche, on a la cible parfaite pour expliquer les ratées d'une réforme, d'un bulletin chiffré, du décrochage ou du faible taux de diplomation…
Et les directions d'école?, et les commissaires? (Il y avait des élections scolaires, ce dimanche; participation au vote: moins de 8% des électeurs québécois) et les parents, là-dedans?
Signé:
Un prof, formé au privé, enseignant au publique dans une école classée 401ième au palmarès insignifiant de "L'Actualité"…
et qui aime son boulot, qui se questionne sur le réseau québécois de l'éducation et qui se désole des commentaires intolérants, sous toutes ses formes, dans le cadre de la commission Bouchard-Taylor….
Salut Max,
C'est vraiment le fun de voir que notre discussion de samedi soir se poursuit avec plusieurs autres sur ton blogue.
Merci pour ces commentaires. Ils sont tout pleins de gros bon sens, de joie de vivre et d'harmonie. Il manque terriblement de ça de nos jours, et pas seulement qu'au Québec mais partout dans le monde.