Je commence à écrire ce billet à quelque part à l’est de Drummondville et peut-être que je le terminerai à Laurier-Station… c’est que je suis dans le train. Je me disais justement que l’internet dans les trains, c’est la plus belle invention depuis la petite lampe de lecture au-dessus de ma tête. C’est l’fun prendre le train, surtout depuis que j’ai découvert qu’avec 20$ je peux me payer un chauffeur privé qui m’emmène à la gare dans son taxi. Très bon investissement, surtout avec le temps de canard qu’il fait aujourd’hui.

Je me rends à Québec pour installer demain ma seizième Casserole. Un client de plus à m’accorder sa confiance et équiper son entreprise de ce logiciel qui me sert de principal gagne-pain depuis un an. Ce seizième client en neuf mois me permet de dépasser l’objectif que je m’étais fixé d’en vendre quinze la première année… clap clap clap… oui, je suis fier. Mon père était commerçant, il achetait des choses pour les revendre. Il a fait ça toute sa vie, c’était un sacré vendeur. Il me disait toujours combien il aurait aimé avoir inventé quelque chose qu’il pourrait alors vendre. Ne plus être dépendant d’un fournisseur ou d’un fabricant. Parce que, si tu vends par exemple, des Honda et que Honda se met à fabriquer des voitures de merde et que plus personne n’en veut. T’as bien beau être le meilleur commerçant du monde, t’auras de la difficulté à t’offrir du Champagne.

En quelque part, je crois avoir bien entendu les conseils de mon père et avoir en partie réalisé son rêve. Mon logiciel est bien loin d’être une véritable invention, mais c’est quand même quelque chose que j’ai bricolé moi-même et que je peux vendre. Je me plais à appeler ça de «l’artisanat informatique». Je fais tout moi-même, patiemment, comme un artisan. Je ne veux pas la gloire et la fortune (juste assez pour un 5D), mes ambitions sont limitées et je place ma qualité de vie et la qualité de vie de ma famille au premier plan. Offrir le meilleur service possible à mes clients, être honnête et respecter mes objectifs. Tout cela en prenant le temps de voir grandir ma fille, de faire de la photo et d’avoir l’occasion de battre ma blonde de façon régulière (lâchez ce téléphone et excusez-vous à la dame du 911… c’est au Scabble que je la bats).

Voilà mon projet. J’ai vu mon père bûcher fort toute sa vie pour finir par se faire baiser par son principal fournisseur… c’est très ingrat parfois la vie de commerçant. J’espère que, là-haut sur son nuage, il goûte un peu le bonheur de son artisan de fils.