On m’avait vanté la beauté du lac, de la plage et la pureté de l’eau… malgré cela, je n’avais pas le goût d’y aller, appelons ça un pressentiment. Sophie et moi avions parlé d’annuler au moins dix fois durant la semaine. Mais, la météo semblait bonne et il était trop tard pour être remboursé, alors on s’est donné un petit coup de pied au derrière et nous sommes parti pour le centre touristique du Lac-Simon, quelque part en Outaouais.

J’aime la tranquillité, surtout en vacances. Mon site de camping idéal est près de l’eau et isolé. Le plus isolé possible. Le genre d’endroit où tu peux enfiler ton maillot de bain sans que tes fesses soient sous les yeux de 100 campeurs et te baigner sans se faire marcher sur les pieds. Au Lac Simon, c’est l’inverse, à tout le moins sur le site où nous étions. Aucune intimité, des boîtes de fibre de verre sur roues cordés en rang d’oignon, tous branchés sur les égouts et l’électricité. Dans ce genre d’endroit, je ne peux faire autrement que de penser que les gens aiment cette proximité pour montrer leur grosse roulotte neuve et ses milles accessoires rutilants.

Lucien_lac_simon

Nous, on est installé là avec Lucien qui a au moins 10 ans de plus et le double du millage de n’importe quel autre véhicule sur place.

Je n’étais pas content. Je respecte ceux qui aiment ce type de camping, chacun ses goûts, mais moi, je m’en voulais d’avoir réservé sans m’informer. Oui, la plage est très belle. C’est bien aménagé pour les familles, avec des surveillants et toute sorte d’activités. J’observais tout ça en rêvant d’être seul avec ma famille près d’un petit lac perdu.

Mais bon. J’ai fait griller les steaks, j’ai allumé le feu et on a bouffé la boucane de nos voisins dans une certaine bonne humeur. Y a Agathe qui refuse de dormir, elle pleure un peu, alors on n’insiste pas et on la garde avec nous, près du feu. C’est la première fois qu’on campe depuis qu’elle se déplace toute seule et ça change nos habitudes.

Feu_lac_simon

Dans la nuit, vers 2h30, on a entendu un «bong». Visiblement Agathe s’était levée et cognée quelque part, elle pleure. On la console et on tente de la rendormir. C’est là que la soirée s’anime ! Elle ne veut plus dormir, elle veut faire le party. Elle grimpe sur nous, tape dans ses mains et rigole. Quand Sophie lui chante une berceuse… elle danse ! Je la couche près de moi… elle me tire la barbe. J’allume une petite lumière… elle le lève pour l’attraper. Dès que les bras de Morphée tentent de la saisir, on dirait qu’une alarme se déclenche en elle : «J’ai un party en cours !» Quand ça va mal…

Après de nombreux essais, des fous rires et quelques pleures, je me mets à penser à nos voisins trop près, à la foule qu’il y aura sur la plage, à la difficulté qu’Agathe aura à faire ses siestes dans un tel brouhaha. Je me sens au mauvais endroit, je n’ai pas envie d’être là.

«Sophie, qu’est-ce que tu penserais d’un petit tour de voiture ?»

Juste avant le levée du soleil, tout était rangé et Lucien nous a conduits hors de lieux. 100 mètres plus loin, Agathe dormait profondément (bien sûr). Quelques tasses de café plus tard, nous étions à la maison et j’ai terminé ma nuit dans mon lit.

Agathe_siege

Conclusions :

– Agathe perce sa première molaire.
– Il nous faut un parc.
– J’aime le camping… mais pas comme ça.
– Je n’irai plus jamais au Lac Simon.
– Le café McDonald est mauvais.